2023 RAPPORT SUR LES ÉLÉMENTS CLÉS D’UNE OPÉRATION / HISTOIRES DE RÉUSSITE

Deep Sky, promoteur de projets d’élimination du CO2, cherche à mettre en œuvre ses plans d’aménagement d’infrastructures à l’échelle du Canada

6 Mai 2024 7 MIN DE LECTURE

Deep Sky, entreprise établie à Montréal prenant la crise climatique à bras le corps, attire des investissements considérables en vue de la réalisation de ses travaux d’aménagement d’infrastructures de capture et d’enfouissement du CO2 à l’échelle du Canada.

Damien Steel
Damien Steel, CEO, Deep Sky.

Pour le chef de la direction de l’entreprise, Damien Steel, l’ampleur et la complexité du défi sont la raison pour laquelle il a quitté un poste de haute direction à OMERS Ventures et s’est lancé dans le monde des technologies propres.

« L’une des raisons pour lesquelles j’ai rejoint cette entreprise est qu’il s’agit de la plus grande occasion que j’aie jamais rencontrée, et la taille de l’occasion reflète la taille du problème. Une seule entreprise ne peut pas résoudre ce problème qui nécessite en fait la participation de nombreuses entreprises prospères. Nous devons créer une industrie de plusieurs billions de dollars et ce, rapidement. Nous devons créer une industrie dont la taille doit être de plusieurs fois celle de l’industrie pétrolière et gazière. »

Deep Sky a été fondée par Frédéric Lalonde et Joost Ouwerkerk, les cofondateurs de la place de marché de réservation de voyages Hopper, l’une des plus grandes entreprises privées du secteur des technologies du Canada, et Laurence Tosi, l’ancien chef des finances d’Airbnb. L’entreprise a été créée lorsque Frédéric Lalonde a décidé qu’il voulait faire plus pour compenser les émissions de CO2 des vols vendus par Hopper.

Deep Sky est sur le point de mettre en œuvre ses plans d’aménagement d’infrastructures. En novembre 2023, l’entreprise a réalisé un tour de financement de série A totalisant 57,5 millions de dollars canadiens auprès de Brightspark Ventures et de Whitecap Venture Partners, y compris un investissement de 25 millions de dollars d’Investissement Québec, ainsi que des investissements du Fonds Technologies pour le climat de BDC Capital et d’OMERS Ventures. En outre, l’entreprise a obtenu un billet de phase d’amorçage de 17,7 millions de dollars au début de l’année dernière, ce qui porte le total de son financement à 75 millions de dollars canadiens.

« Nous avons été en mesure de lever un volume significatif de capitaux l’année dernière. Nous avons le soutien d’investisseurs incroyables qui sont conscients de l’ampleur de la crise climatique. Nous sommes reconnaissants d’avoir pu recueillir autant de soutien dans un contexte de collecte de fonds très difficile », déclare Damien.

Il attribue la capacité de Deep Sky à lever des fonds jusqu’à présent au degré de préoccupation des investisseurs à l’égard des changements climatiques et à la force des fondateurs de l’entreprise.

« Ce n’est plus un secret pour personne que nous sommes confrontés à une situation très difficile. L’une des choses qui m’ont agréablement surpris depuis que j’ai rejoint l’équipe il y a six mois, c’est que je ne me suis encore jamais réuni avec des gens importants, qu’il s’agisse d’un particulier, d’une organisation ou d’un représentant du gouvernement, sans que la réunion ne se termine par quelqu’un qui s’exclame : “Ce dont nous parlons est l’un des sujets parmi les plus importants et il figure sur notre liste de priorités en tant qu’organisation.” Je n’ai jamais vu cela de ma vie. »

Damien s’est joint à Deep Sky pendant le tour de financement de série A réalisé en 2023. Il reconnaît qu’en raison de la nature de cette entreprise, il devra « collecter des fonds tous les jours de ma carrière, aussi longtemps que je serai chez Deep Sky. »

« Il s’agit d’une entreprise exceptionnelle qui nécessite des capitaux considérables. J’espère que nous commencerons à passer du financement classique par actions à un financement par projet », déclare-t-il. « Nous utilisons essentiellement des fonds de capital de risque pour bâtir une entreprise spécialisée dans l’aménagement d’infrastructures, ce qui n’est pas évident. Mais compte tenu de notre situation, nous sommes en mesure de le faire. »

Travailler avec Osler

L’équipe de direction de Hopper avait déjà travaillé avec Shahir Guindi d’Osler, associé au sein du groupe Droit des sociétés du bureau de Montréal, et a donc de nouveau fait appel à Shahir au moment de la création de Deep Sky.

« En tant que personne ayant déjà travaillé dans le secteur du capital de risque et comprenant les entreprises en premier développement, Osler reconnaît d’amblée l’investissement qu’il devra faire s’il accepte de travailler avec une entreprise en démarrage. Il faut aborder ce type d’entreprise avec un état d’esprit d’investisseur, de sorte que, lorsqu’elle deviendra une grande entreprise, elle fera partie de vos gros clients. Chad Bayne, cochef du groupe Sociétés émergentes et à forte croissance, a fait un travail remarquable à cet égard à Toronto et Shahir a fait un travail fantastique à Montréal », déclare Damien.

Objectif pour 2024 : construire le Deep Sky Labs

Le projet phare de cette année est en bonne voie et devrait être opérationnel d’ici l’été : il s’agit de la construction du Deep Sky Labs, le premier centre d’élimination, d’innovation et de commercialisation du COau Canada. En tant que promoteur de projets indépendant en matière de propriété intellectuelle (« IP-agnostic ») Deep Sky ne développe pas sa propre technologie, qui est unique, surtout aux premiers stades d’une industrie comme celle-ci. Pour se procurer la meilleure technologie disponible sur un marché qui devrait évoluer rapidement, Deep Sky espère attirer les meilleures technologies de la planète et continuer à le faire au fil du temps.

« Si une nouvelle entreprise de capture directe du CO2 met au point une nouvelle technologie, la première chose à laquelle je veux qu’elle pense est : “Comment puis-je obtenir un créneau au Deep Sky Labs?” « Nous leur donnons accès à de l’énergie renouvelable et nous stockons le CO2 sous terre », explique Damien.

Deep Sky est également en train de mettre au point un logiciel qui permettra de suivre, de mesurer et d’évaluer chacune des entreprises participantes par rapport à la technologie la plus performante. Grâce à ces données, les entreprises qui participent au laboratoire apprendront plus vite, évolueront plus rapidement et, en fin de compte, produiront plus rapidement à grande échelle.

Le deuxième grand projet pour cette année est la construction de la première installation commerciale de l’entreprise. Dans le cadre de la planification de ce projet, Deep Sky mène actuellement mène      études géologiques souterraines afin de déterminer le meilleur emplacement pour le stockage du CO2.

On estime que chaque installation commerciale éliminera entre 300 000 et 500 000 tonnes de CO2 par année, nécessitera des capitaux d’environ 1 milliard de dollars à construire et créera 1 000 emplois chacune. Deep Sky souhaite construire une centaine de ces installations.

Damien fait remarquer que les entreprises technologiques qui s’adressent à Deep Sky en vue de collaborer avec elle auront l’avantage de travailler avec une équipe de direction qui a une grande expérience de la mobilisation de capitaux.

« J’ai dit aux entreprises qui souhaitent travailler avec nous au Deep Sky Labs que je suis très motivé à m’assurer qu’elles lèvent les fonds dont elles ont besoin pour leurs projets, car je veux qu’elles réussissent afin qu’elles puissent fournir des équipements à Deep Sky. J’accompagne certaines d’entre elles dans la préparation de leur dossier de présentation parce que je suis investi dans leur réussite. » Il ajoute : « C’est une approche très axée sur le partenariat. »

Deep Sky monétise son infrastructure par la vente et la distribution de crédits d’élimination du dioxyde de carbone à faible risque et de haute qualité sur les marchés de conformité, les marchés volontaires et les marchés publics. L’infrastructure d’élimination du COpermet de respecter les normes les plus strictes en matière de durabilité, d’additionnalité et de traçabilité du CO2, offrant aux acheteurs de crédits d’élimination les crédits d’élimination les moins risqués et de la plus haute qualité pour leurs portefeuilles d’élimination du CO2.